vendredi, février 23, 2007

International Paper recentre ses activités

Khalid Chraibi

Economia
Chronique Entreprise
octobre 2005

International Paper (IP), le géant américain qui a pris en octobre 2005 le contrôle de la société marocaine CMCP, est le numéro un mondial du papier et de l’emballage, avec un chiffre d’affaires de 25 milliards $ par an, des usines dans 40 pays, des activités commerciales dans 120 pays, et plus de 80 000 employés. Mais, IP a subi au cours des dernières années une succession de revers qui l’ont déstabilisé, au point que son nouveau Président a préconisé en juin 2005 un plan de restructuration qui constitue un véritable traitement de choc pour assurer la survie du groupe.

La société a des métiers de base solides, dans lesquels elle est l’entreprise dominante sur le plan mondial. Depuis sa création en 1898, elle a tissé un vaste réseau d’unités de production et de commercialisation de ses produits à travers le territoire nord-américain d’abord, puis en Amérique du Sud et en Europe et enfin dans les pays du Pacifique. Elle est également le plus grand propriétaire privé de forêts aux E.U., opérant également à ce titre dans certains pays d’Amérique du Sud et jusqu’en Russie. Elle s’assure de cette manière un approvisionnement stable en produits forestiers pour ses usines, gérant méthodiquement la maintenance et le renouvellement du patrimoine forestier en prévision de ses besoins futurs.

A partir des années 1960, quand le conglomérat devint le nouveau paradigme du monde des affaires, IP s’est largement diversifiée, tant dans ses métiers de base que dans des domaines connexes ou tout simplement attrayants (immobilier, pétrole et gaz...). Elle a procédé à des investissements considérables (parfois peut-être inconsidérément optimistes), se retrouvant de ce fait à la tête d’une énorme capacité de production inutilisée dans certains secteurs, et croulant sous le poids d’un endettement excessif. Opérant avec une marge de manœuvre réduite sur des marchés hautement concurrentiels, elle ne parvenait à atteindre ni ses objectifs de ventes ni les taux de marges escomptés, alors que ses charges ne cessaient d’augmenter.

Ainsi, bien que le groupe se trouvât ces dernières années à la tête d’une part de marché américain de 22 % pour le papier à écrire, le papier à imprimer d’ordinateur et de photocopie, et une part de 14 % du marché de l’emballage et du contreplaqué, son C.A. a stagné aux alentours de 24-26 MM$ entre 1998 et 2004, alors que son résultat net chutait de manière catastrophique. Le résultat net cumulé de la société sur les 7 ans s’est élevé à une perte de 1 245 m$ sur un C.A. cumulé de 178 000 m$. Des coupes sombres furent opérées au niveau du personnel, qui passa de 113 000 en 2000 à 83 000 en 2003.

M. John Faraci, le nouveau Président d’IP, élu en 2005, a lancé en juin dernier un plan de restructuration qui prévoit le recentrage des activités de production du groupe sur les papiers non-couchés et les emballages ménagers et industriels. Il entend se retirer du marché des papiers couchés, des emballages pour liquides, des papiers kraft et des produits du bois, cédant de ce fait des sociétés contribuant près de 30 % du C.A. du groupe, ainsi que quelques 3 millions d’hectares de forêts détenues à l’étranger.

Les cessions, qui ont déjà commencé, devraient dégager quelques 8 à 10 milliards $, dont la moitié servira à réduire l’endettement d’IP, et 30-40 % au paiement de dividendes aux actionnaires. Le solde aidera le groupe à respirer de nouveau.

Bien qu’elle se soit empêtrée dans de graves problèmes à cause d’erreurs d’appréciation du marché, et qu’elle ait mis du temps à reconnaitre que des coupes chirurgicales étaient inéluctables, IP a fini par se résoudre à faire les choix de réduction de taille qui s’imposaient, et qui lui permettront d’envisager son avenir avec plus de sérénité et sur des bases plus solides.